A la suite de la publication de notre texte sur le site d’OikosBlogue et la version abrégée parue successivement dans Le Devoir du 2 septembre et du 3 septembre, nous avons reçu plusieurs commentaires intéressants et pertinents auxquels nous donnons suite aujourd’hui.
Notre invitation à s’inscrire dans un chantier pour renouveler la social-démocratie suppose que l’on a tenu pour acquis deux propositions préalables. Notre démarche s’inscrit dans une longue tradition politique réformiste plutôt que dans une tradition révolutionnaire visant le renversement de l’État et l’éradication du système capitaliste, y compris de l’économie de marché. La seconde question, consécutive au choix de la social-démocratie comme démarche réformiste, est celle de savoir si l’on doit mettre l’accent sur la réaffirmation de la social-démocratie, telle qu’elle a été expérimentée par divers gouvernements sociaux-démocrates, ou sur son renouvellement comme le suggère une analyse à la fois des transformations sociales, politiques et économiques et des limites rencontrées par ces mêmes expériences sociaux-démocrates qui explorent actuellement de nouvelles voies.
Au terme d’une vingtaine d’années qui ont vu l’échec du communisme et le déclin, pour ne pas dire l’impasse du néolibéralisme, une fenêtre s’est ouverte pour qu’une réflexion en profondeur soit menée sur les conditions du renouvellement de la pensée et de l’action social-démocrate au Québec.
Il faudra réfléchir à la composition de la base sociale sur laquelle cette social-démocratie renouvelée pourra se construire. De même, pour ne pas avoir suffisamment pris en compte la question nationale québécoise, la social-démocratie n’y a jamais connu une pénétration significative.
Réfléchissant à la conjoncture politique et économique actuelle et constatant qu’après le socialisme réel, le néolibéralisme avait lui aussi beaucoup de plomb dans l’aile, quelques personnes, préoccupées par le progrès social et un développement économique durable, ont pensé que la social-démocratie pouvait aujourd’hui être considérée comme la voie de l’avenir, à condition de procéder, avec autant de générosité que de lucidité, à une réflexion conduisant à son renouvellement en profondeur. Ce document n’a pas la prétention d’être ni un manifeste ni une plateforme politique, mais se veut plutôt un document de travail. L’idée d’ouvrir un chantier pour évaluer toutes les coutures d’une social-démocratie ajustée aux temps présents et prenant en compte les impératifs du futur a fait son chemin. Le projet consiste à interpeller tant les leaders politiques que ceux de la société civile afin qu’un véritable débat de société prenne place. D’ici la tenue d’un colloque national sur la question en 2010, des rencontres sectorielles sont prévues. Le présent texte, présenté en deux temps, est un condensé du document de travail qu’on trouve à la page d’accueil (voir Présentation de la coalition).
Un texte publié récemment par Michel Doré, Marilyse Lapierre, Benoît Lévesque, Yves Vaillancourt se présente comme un appel pour « lancer un chantier pour travailler à un renouvellement de la social-démocratie ». C’est un texte qui porte à réflexion, si ce n’est de l’importance de ses auteurs. Ce sont en effet des intellectuels qui ont travaillé longtemps avec les organisations de gauche jusque dans les années 1980 . Par la suite, ils ont poursuivi leur travail en l’orientant principalement vers l’économie sociale, en lien avec les mouvements qui ont travaillé sur ce terrain, tout en étant relativement proches du PQ .
Lors de la chute du mur de Berlin, en 1989, plusieurs ont célébré l’entrée du capitalisme dans une période d’âge d’or. À l’automne 2008, l’éclatement d’une crise financière de très grande ampleur indique clairement la fin de cette période qualifiée de néolibérale. Cette crise, qui touche d’abord les États-Unis, ne tarde pas à sévir brutalement dans toutes les régions du monde et à toucher la plupart des champs d’activité. Certes, elle ne signifie pas la fin du capitalisme. Cependant elle met en évidence les limites d’une régulation exclusivement marchande et la nécessité d’innover pour non seulement répondre aux urgences mais pour penser une sortie de crise qui ouvre sur le développement durable. Aujourd’hui, beaucoup n’hésitent pas à parler de la nécessité d’une refondation du capitalisme voire même à exiger son dépassement.
La Chaire de Recherche du Canada en mondialisation, citoyenneté et démocratie (Chaire MCD) se propose d’organiser dans le cadre des chantiers sur le renouvellement de la social-démocratie deux ateliers : un premier ayant comme thème : Pourquoi vouloir renouveler la social-démocratie ? ; un second : Démocratie représentative, démocratie participative, quels enjeux pour la social-démocratie ?
NOUVEAU : Pour vous inscrire et recevoir tous les nouveaux numéros de la veille sur la social-démocratie dès sa sortie, merci d’écrire à l’adresse suivante :
listproc@uqam.ca
Vous écrivez dans le corps du texte seulement ET en une seule ligne :
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La réflexion sur le renouvellement de la social-démocratie sera portée dans le cadre d’une aventure intellectuelle originale. Un consortium de recherche va se concerter pour conduire durant toute l’année des travaux qui prendront en charge l’un ou l’autre des grands questionnement soulevés par le texte de référence lancé par Benoît Lévesque, Michel Doré, Marilyse Lapierre et Yves Vaillancourt. Co-responsables, sous la coordination de l’Institut de recherche en économie contemporaine (Robert Laplante), de la mise en œuvre d’une programmation de travail qui fera une large place aux échanges et aux débats entre chercheurs et acteurs de la société civile, les membres et participants de ce consortium de recherche seront appelés à faire paraître sur le site Internet des textes faisant état de l’avancement de la réflexion. Divers événements vont ponctuer le parcours qui devrait déboucher sur un grand rendez-vous public à l’automne 2010. Le consortium est formé des membres suivants : le CÉRIUM (Pascale Dufour), la Chaire du Canada Mondialisation, citoyenneté et démocratie (Joseph-Yvon Thériault, titulaire), l’Observatoire de l’Administration publique ( Louis Côté, directeur), les Éditions Vie Économique (Gilles Bourque, coordonnateur) et de deux équipes de partenaires, dont l’une réunie autour de Denise Proulx, de GaïaPresse, et Lucie Sauvé, de la Chaire de recherche du Canada en éducation relative en environnement, et l’autre rassemblée autour de Christian Jetté de l’Université de Montréal et Lucie Dumais de l’UQAM.
L’importance, pour ne pas dire l’urgence d’organiser la réflexion collective sur l’état de notre démocratie et l’avenir de notre société devrait nous interpeller puissamment. Il se présente en effet des moments qu’il faut saisir dans l’histoire des peuples quand les vieux modèles, épuisés, atteignent leurs limites et conduisent à de nouvelles impasses. Le Québec est rendu à l’un de ses moments.